Et si la vie n’était pas si mal...

Juste quelques problèmes de services à la cllientèle.

Et si la vie n’était pas si mal...

Il y a des jours où la vie ressemble à un produit défectueux : pas de manuel d’utilisation, une interface douteuse, zéro garantie, et une ligne de soutien qui vous fait patienter pendant trois décennies. Et pourtant, on ne la retourne pas. On continue de l’utiliser, un peu cabossé, un peu confus, en prétendant que les bugs sont des fonctionnalités.

Peut-être que c’est ça, être humain : apprendre à vivre dans un système bancal, avec un logiciel périmé, des mises à jour aléatoires, et un univers qui semble ne jamais lire ses propres notes de version.

I. L’expérience d’accueil : confuse, bruyante, souvent collante

Commençons par le début — la naissance.

Personne ne vous demande si vous voulez naître. Il n’y a ni case à cocher, ni conditions à lire, ni même un tutoriel. Une minute, vous n’existez pas, et la suivante, vous vous retrouvez sous des néons d’hôpital, hurlant et recouvert de liquide comme une salade rincée à grande eau.

Félicitations ! Vous êtes vivant. À présent, débrouillez-vous.

Il y a cette attente silencieuse : vous finirez par "comprendre". Comprendre quoi ? Le bonheur ? La survie ? La méthode pour cuire un œuf dur sans éclater en larmes au rayon des conserves ?

On passe des années à apprendre l’algèbre, mais personne ne nous enseigne comment dire “je vais mal” ou comment quitter un souper sans se sentir comme un monstre.

Et pourtant, on continue.

II. Service après-vente inexistant

Vous avez déjà crié vos grandes questions existentielles dans le vide ?

« Pourquoi suis-je ici ? »
« Quel est mon but ? »
« Est-ce que je lui renvoie un message ou je laisse mourir ça en paix ? »

Tout ce que vous obtenez, c’est le silence. Peut-être quelques oiseaux. Peut-être le cliquetis étrange du frigo.

Le service client de la vie ne répond pas — du moins, pas comme on l’espère. On voudrait des certitudes, des garanties, des promos. Mais la vie nous offre plutôt des poèmes, de la musique, des amitiés fissurées, et parfois, une gentillesse inattendue d’un inconnu qui ne nous doit rien.

Elle nous donne des détours, les mauvaises personnes au pire moment, une bonne coupe de cheveux un jour où personne ne nous voit, et des chagrins qui nous ouvrent, douloureusement, à quelque chose de plus vaste.

Elle ne nous explique rien. Elle dévoile.

Souvent au pire moment.

III. Quand l’appli plante en pleine mise à jour

À un moment donné, votre système va planter. Vous serez perdu, vidé, ou simplement en train de fixer une fenêtre avec une tasse froide à la main, sans même y chercher un sens.

Peut-être un deuil. Une rupture. Ou cette sensation étrange d’être devenu un étranger pour soi-même.

Le monde moderne vous proposera des rustines : des bouquins de développement personnel, des applications de respiration, des bougies à la lavande. Parfois ça aide. Souvent, ça distrait.

Mais rien ne camoufle vraiment cette vérité nue : nous ne contrôlons presque rien. Peut-être que nous ne l’avons jamais fait.

Et pourtant, parfois, le crash n’est pas la fin du programme. C’est une réinitialisation.

Une mise à nu. Une chance de désinstaller toutes ces mises à jour qu’on avait téléchargées juste pour plaire à des gens qui ne nous ont jamais réellement vus.

IV. La garantie est cachée dans les petits moments

Alors, que fait-on avec une vie sans mode d’emploi ni SAV ?

On cherche du sens là où il se cache.

Dans une conversation nocturne qui dérape en absurdité.
Dans un plat cuisiné pour quelqu’un dont la journée fut pire que la vôtre.
Dans un texte qu’on écrit pour personne, mais qui nous rend la respiration.
Dans un rire incontrôlé, trop tôt, trop fort, trop vrai — et qui ressemble à une évasion.

Peut-être que c’est ça, la seule garantie : ces instants non publicisés, où le fait d’être en vie n’est plus un problème… mais un miracle.

La vie ne sera jamais fluide. Ni juste. Ni bien codée.

Mais elle peut être authentique, étrange, tendre, et parfois magnifique, dans sa manière entêtée de ne pas faire sens.

Et peut-être — juste peut-être — qu’on n’a pas besoin de réponses.

On a juste besoin de meilleures questions. Et peut-être d’une sieste.


En guise de dernière pensée :

La prochaine fois que vous avez l’impression que votre vie est cassée, que vous êtes cassé, respirez un bon coup. Regardez autour de vous.

Vous êtes une conscience bêta, en test grandeur nature, sur un hardware instable, dans un monde qui s’actualise plus vite que votre cœur ne peut le suivre.

Bien sûr que ça déraille parfois.

Mais ça ne veut pas dire que vous échouez. Ça veut juste dire que vous êtes humain.

Et contre toute logique, toujours en train de fonctionner.