Vous êtes intelligent ? Pensez-y à deux fois

La majorité des gens se croient plus intelligents que la moyenne. Mais à bien y réfléchir… ce n’est peut-être pas très intelligent.

Vous êtes intelligent ? Pensez-y à deux fois

Vous êtes probablement plus intelligent que la moyenne.
C’est en tout cas ce que vous pensez.
Et vous n’êtes pas seul : selon les études, plus de 80 % des gens estiment avoir un quotient intellectuel supérieur à la moyenne. Ce qui, mathématiquement, est… impossible.

Mais pourquoi tant de personnes tombent dans cette illusion flatteuse ? Et surtout, que révèle-t-elle de notre rapport à l’intelligence ? Grattez un peu cette certitude rassurante, et vous découvrirez un miroir bien plus déformant que vous ne l’imaginiez.


Le syndrome du lac Wobegon

Ce phénomène a un nom : le biais de supériorité illusoire, aussi appelé effet Dunning-Kruger lorsqu’il touche ceux qui ont les compétences les plus faibles mais la confiance la plus haute. Il a été illustré de façon savoureuse par une blague sur une ville fictive :

"Bienvenue à Lake Wobegon, où toutes les femmes sont fortes, tous les hommes beaux, et tous les enfants au-dessus de la moyenne."

C’est charmant. Mais impossible.

La réalité, c’est que la moyenne est un fait brut, indifférent à nos ego. Par définition, seule la moitié des gens peut être « au-dessus ». Et la plupart des gens qui se croient brillants… sont simplement moyens. Ce qui n’est pas grave, mais difficile à avaler.


L’intelligence : une affaire de définition

Mais de quelle intelligence parle-t-on ? Le QI ? La logique ? La culture générale ? La créativité ? L’intelligence émotionnelle ? L’aptitude à apprendre ? À comprendre ? À manipuler ?

Chacun adapte sa propre définition de l’intelligence à ce dans quoi il excelle. Le matheux la réduit à la résolution d’équations, l’artiste à la sensibilité, l’entrepreneur à la débrouillardise, le philosophe à la profondeur d’analyse. Résultat : tout le monde a sa couronne invisible.

Mais soyons honnêtes. Il y a une différence entre être intelligent dans un domaine, et penser qu’on comprend mieux la vie que les autres. Et c’est souvent dans cette glissade que l’arrogance se niche.


Intelligence perçue vs. intelligence réelle

Les personnes réellement intelligentes ont souvent un point commun : elles doutent.

Elles savent qu’elles ne savent pas tout. Qu’elles peuvent se tromper. Qu’il y a toujours plus complexe, plus nuancé, plus profond que ce qu’on croit avoir saisi. Elles posent des questions. Elles écoutent. Elles révisent leurs positions.

À l’inverse, ceux qui ne doutent jamais sont souvent les plus ignorants, mais aussi les plus convaincus de leur supériorité. C’est l’effet Dunning-Kruger, encore lui : plus vous êtes incompétent dans un domaine, moins vous êtes capable de voir à quel point vous l’êtes.


Et vous ? Où vous situez-vous ?

  • Avez-vous tendance à penser que les autres sont "bêtes" ?

  • Êtes-vous agacé par ceux qui doutent, qui nuancent, qui hésitent ?

  • Pensez-vous que la plupart des gens ne comprennent rien à rien (sauf vous) ?

  • Vous sentez-vous souvent "au-dessus" dans les débats, même sans preuves ?

Si vous avez répondu "oui" plusieurs fois… il est temps de penser à deux fois. Peut-être n’êtes-vous pas aussi clairvoyant que vous le pensez. Et ça aussi, c’est une forme d’intelligence : celle de reconnaître ses angles morts.


Une illusion très humaine

Ne vous jugez pas trop durement. Cette illusion est universelle. Elle fait partie de notre besoin psychologique de cohérence et de valorisation. Se sentir compétent, "intelligent", nous protège contre le doute, la peur d’être largué, ou de ne pas être à la hauteur.

Mais à force de se croire supérieur, on devient aveugle à ses faiblesses. On n’apprend plus. On juge au lieu d’écouter. On méprise ceux qui réfléchissent différemment.

Et c’est là que l’intelligence s’éteint.


Être intelligent, c’est quoi finalement ?

C’est peut-être :

  • Savoir reconnaître qu’on ne sait pas

  • Changer d’avis avec des arguments

  • Penser contre soi-même

  • Éviter les réponses simples aux questions complexes

  • Apprendre, encore et toujours

  • Et parfois, se taire pour mieux entendre


En conclusion

La prochaine fois que vous aurez envie de lever les yeux au ciel en pensant « Mon dieu, que les gens sont bêtes ! », posez-vous une autre question :

Et si le problème venait aussi de moi ?

Vous êtes intelligent ?
Très bien. Mais pensez-y à deux fois.
Parce que ceux qui le sont vraiment… savent qu’ils ne le sont jamais totalement.