Chez toi ou chez moi ?
Une aventure de Johny Coconut

Le soleil finissait de caresser les toits de Paris. Le ciel s’étirait en orangés liquides, et la ville prenait cette lente respiration du crépuscule qui annonce les plaisirs de la nuit. Je marchais d’un pas tranquille sur les pavés du Marais, la chemise entrouverte, les pensées en vrac mais le regard vif.
Je la reconnu tout de suite.
Assise sur les marches d’un immeuble ancien, jambes croisées, jupe courte, regard décidé. Elle avait les yeux d’une chatte trop sûre d’elle, le sourire énigmatique, et cette posture à mi-chemin entre l’attente et le défi. Pas besoin de parler. Ils s’étaient déjà tout dit — ou presque — sur une application discrète et bien connue des amateurs d’aventures sans détour.
Elle se leva,s ’avança, comme si on rejouaient une scène mille fois imaginée, et sans même un mot, nos bouches se happèrent. Ce ne fut pas un baiser d’approche, mais une collision de langues, de lèvres, de souffles. Je glissai mes mains sur ses hanches, sentis la chaleur sous le tissu, l’odeur douce de son cou. Elle, sans pudeur, me lécha la joue, comme pour marquer son territoire.
Un couple passa. Rires discrets.
Je murmurai :
— Chez toi ou chez moi ?
— Chez moi, dit-elle, entre deux morsures d’oreille.
Nous marchâment sans nous presser, entre les rues étroites et les reflets dorés des vitrines. Deux corps déjà collés, deux esprits déjà ivres. Nous nous arrêtâment à chaque coin de rue pour nous embrasser à nouveau, un peu plus fort, un peu plus bas, un peu plus près. Elle glissait ses doigts sous ma ceinture. Je mordillais sa nuque. L’air devenait rare, l’urgence palpable.
L’ascenseur de l’immeuble était ancien, grinçant, minuscule. Nous y entrâment en riant. Et très vite, les rires cessèrent. Les mains se firent sérieuses. Je plaquai la jeune femme contre le miroir terni. Elle émit un soupir rauque. Le métal de l’ascenseur vibrait sous les secousses de nos baisers. Son genou se glissa entre mes jambes, elle gémit, je grognai. Une sirène passa au-dehors, indifférente à leur fièvre.
À peine la porte de l’appartement poussée, elle se laissa glisser à genoux devant moi, sans un mot.
Lentement. Un regard en coin, insolent.
Je reculai contre le mur, tête renversée, mains sur sa chevelure.
Elle me dévora goulument ... Haaaaaa !
Quand enfin je la soulevai, haletant, les mains dans sa chevelure sombre, je la portai jusqu’au lit — ou ce qui en tenait lieu. Le matelas posé à même le sol, les rideaux ouverts sur les toits, une bougie tremblante. Je plongeai mes mains sous sa jupe, cherchant la dernière frontière de tissu, sentant la chaleur monter.
Et soudain, au moment de franchir ce point de non-retour,
ma main se figea.
Un frisson. Non pas de crainte. D’éveil.
Je sentis ce que je ne m’attendais pas à sentir.
La courbe n’était pas celle d’une vulve, mais celle d’un sexe dressé, palpitant.
Je m’écartai un instant. Les yeux dans les yeux.
Elle ne broncha pas. Son regard n’avait pas changé. Ni l’envie. Ni le feu.
— Surpris ? demanda-t-elle simplement.
Je souris.
— Peut-être. Mais pas déçu.
Au diable les tabous, vive le plaisir...