Pourquoi la nature a-t-elle créé les moustiques ? Sont-ils vraiment des vampires inutiles ?

Je passe l’hiver entier dans ma cabane canadienne, emmitouflé dans des couches de laine et de solitude choisie, à rêver de l’été. Du vrai. Du chaud. De la peau à l’air libre. Des matins qui ne gèlent pas les narines. De la lumière jusqu’à 22 h. Et quand il arrive enfin, que m’apporte-t-il ?

Pourquoi la nature a-t-elle créé les moustiques ? Sont-ils vraiment des vampires inutiles ?

Petites seringues volantes, bourrées de mauvaise foi, bourdonnant des insultes à deux millimètres de mon oreille et pillant mon sang comme si j’étais un don du ciel.

Honnêtement, c’est difficile de ne pas le prendre personnellement.
Je n’ai pas survécu à sept mois de froid polaire juste pour devenir le buffet à volonté d’une nuée d’aiguilles volantes.

Alors, évidemment, je me pose la question :
Pourquoi, bon sang, la nature a-t-elle inventé les moustiques ?

Tentons un brin de rationalité scientifique

D’abord, petite précision : ce ne sont que les femelles moustiques qui piquent.
Pourquoi ? Parce qu’elles ont besoin de protéines pour développer leurs œufs. Les mâles, eux ?
Ils boivent du nectar.
Ils pollinisent.
Ils écoutent du folk et font des haïkus, probablement.

Mais les femelles ? Elles sont les petits vampires de l’évolution, équipées de capteurs thermiques, d’un radar à CO₂, d’un couteau suisse buccal… et d’une détermination féroce.

Cela dit, pour être juste, les moustiques ont un rôle dans l’écosystème :

  • Ils servent de nourriture aux oiseaux, chauves-souris, grenouilles et poissons.

  • Ils participent à la pollinisation de certaines plantes.

  • Leurs larves filtrent la matière organique dans les milieux aquatiques.

Donc non, ils ne sont pas totalement inutiles.
Disons qu’ils sont modérément utiles… mais désagréablement insistants.

Le vrai problème : ils sont trop bons dans leur rôle

La nature n’a pas juste créé les moustiques.
Elle les a perfectionnés.

Ils peuvent détecter ton souffle (le CO₂) à plus de 20 mètres.
Ils sont attirés par ta chaleur, ta sueur et ton désespoir.
Et leur salive contient un anticoagulant qui empêche ton sang de coaguler, pour une aspiration fluide et élégante.

Et en échange, que nous offrent-ils ?

Le paludisme, la dengue, le Zika, le virus du Nil, des insomnies, et une haine profonde des fenêtres entrouvertes.

Ce n’est pas un échange.
C’est une arnaque.

Et si… c’était une blague cosmique ?

Prenons un instant pour quitter la science — c’est dangereux, mais parfois salutaire — et imaginons ceci :

Et si les moustiques étaient simplement le rappel de la nature pour nous garder modestes ?

On a inventé le feu.
On a marché sur la Lune.
On a mis de l’Internet dans la forêt.

Mais face à un moustique de deux millimètres, on devient tous des marionnettes gesticulantes, armées de citronnelle et d’espoirs déçus.

Le moustique nous rappelle qu’il n’est pas nécessaire d’être grand pour être puissant, ni apprécié pour être efficace.

Peut-on simplement… les éliminer ?

Des chercheurs ont essayé.
Des projets utilisent la technologie CRISPR pour stériliser certaines espèces ou les rendre incapables de transmettre des maladies.

Mais voilà le hic :
Supprimer une espèce peut déclencher un effet domino.
Ce qui mange les larves peut mourir de faim.
Ce que mange ce qui mange les larves peut devenir envahissant.

La nature ne fait pas « supprimer ». Elle fait « reconfigurer ».
Et franchement, vu les dégâts causés par l’humain, peut-être que les moustiques sont juste là pour équilibrer le karma planétaire.

Pensées finales depuis ma cabane

Alors, pourquoi la nature a-t-elle créé les moustiques ?

Parce que l’évolution se fiche de ton pique-nique.
Parce que les protéines doivent circuler.
Parce que l’équilibre, aussi agaçant soit-il, inclut les créatures agaçantes.

Ils ne sont pas entièrement inutiles.
Ils sont juste profondément insupportables.

Comme un voisin qui fait du ukulélé à 3 h du matin. Ou une application de météo qui ment.

Alors la prochaine fois qu’un moustique te pique, essaie de faire preuve de grandeur d’âme.
Tu participes à la perpétuation d’un écosystème ancien, complexe et interconnecté.

…Puis écrase-le avec fureur. Parce que tu fais aussi partie de cet écosystème. Et le respect, ça va dans les deux sens.